Pour Mathias Lelièvre, patron d’ENGIE Impact, l’augmentation des volumes de production et la baisse des prix qui en résultera permettront de lever rapidement une des principales barrières à l’achat des voitures électriques. Mais il faut accélérer le rythme de déploiement des infrastructures de recharge.
Le sujet de la mobilité électrique, c’est un peu le monde des énergies renouvelables il y a quinze ans : les technologies existent – il y a des modèles de voitures qui fonctionnent –, mais on n’est encore qu’au début de l’adoption en masse. » Pour Mathias Lelièvre, directeur général d’Engie Impact, une filiale de l’énergéticien français qui conseille les entreprises et les autorités publiques dans la transition durable, l’électrification du parc automobile ne fait pourtant aucun doute à terme. A condition de lever les derniers obstacles qui barrent encore la route.
La crise ne fera qu’accélérer les tendances qui étaient déjà là. On a pris conscience de notre fragilité sur des sujets globaux à dispersion rapide et qui présentent des risques majeurs.
Mathias Lelièvre, Directeur général d’Engie Impact
A la fin 2019, le parc automobile belge comptait 2 % de voitures hybrides et… 0,3 % de voitures électriques. C’est très peu. Pourquoi ?
Principalement à cause de l’écart de prix, qui est un des grands freins à l’adoption de ce type de véhicule : on paye un surcoût à l’achat et ce n’est que sur la durée d’utilisation qu’on va récupérer les économies qui permettent de justifier l’investissement initial. C’est encore une barrière forte. Mais on voit deux bonnes nouvelles. D’abord, la raison fondamentale de ce surcoût est liée aux batteries. Or c’est une technologie qui progresse, et donc les coûts de fabrication ne cessent de baisser. Ensuite, on voit que tous les grands constructeurs automobiles ont des programmes extrêmement ambitieux pour faire basculer leur production vers l’électrique. Il y a des énormes investissements qui sont engagés. Et ça, c’est une bonne nouvelle parce qu’on sait que c’est une industrie qui sait gérer de grands volumes et faire baisser les coûts. Toutes les expertises disent qu’entre 2025 et 2030, on devrait avoir des véhicules « full électrique » au même prix d’achat que les véhicules thermiques. C’est donc la tendance qu’il faut observer davantage que la situation actuelle : le jour où on débloque le facteur coût, on va avoir une bascule rapide des véhicules légers vers l’électrique. Si on regarde d’autres segments, comme les bus, on peut voir que ce changement s’est déjà massivement opéré un peu partout dans le monde.