Analyse de scénarios, année de référence et autres thématiques

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Alors qu'elles avancent vers le deuxième trimestre 2019, de nombreuses entreprises se préparent à répondre aux investisseurs et à satisfaire leurs attentes de reporting concernant le risque climatique et le développement durable. Suite au webinaire intitulé "Évolution du reporting lié au Développement durable" que nous avons présenté récemment, nous avons reçu de nombreuses questions des participants. Nos spécialistes du reporting en développement durable ont répondu aux plus fréquentes questions concernant, entre autres thématiques, l'analyse de scénarios.

1. Qu'est-Ce Que L'Analyse De Scénarios ?

L'analyse de scénarios est un outil de planification stratégique qui permet aux entreprises d'évaluer leur flexibilité, leur résilience ou leur performance par rapport à une série de situations futures potentielles. Une analyse de scénarios ne produit pas de prédictions rigides, mais indique plutôt que votre société accepte la complexité, l'incertitude liées au climat et envisage des alternatives possibles et réalistes quant à l'avenir. L'objectif ultime de l'analyse de scénarios est de renforcer la cohérence interne avec laquelle les décideurs considèrent les facteurs qui influent sur leurs décisions d'aujourd'hui (Notes techniques sur l'analyse de scénarios, CDP, page 5).

2. Mon entreprise prévoit sa première analyse de scénarios liée au climat. Quel cadre recommandez-vous ?

Il existe un certain nombre de scénarios climatiques applicables aux entreprises. Le Groupe de travail sur l'information financière relative au changement climatique (TCFD) recommande à celles qui débutent d'utiliser les scénarios développés par l'Agence Internationale pour le Climat (IEA) et par le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC). Selon le TCFD, ces scénarios sont les plus couramment utilisés et acceptés par la communauté scientifique.

3. Comment bien présenter une analyse de scénarios ?

En règle générale, on peut partager les scénarios en deux larges catégories : la trajectoire de risque transitionnel et le risque physique.

  • Les scénarios de trajectoire de risque transitionnel envisagent les impacts sur l'entreprise d'éventuels changements de politiques ou réglementations, de variations technologiques ou de fluctuations des marchés liés à la réduction des émissions, à l'efficacité énergétique, aux taxes et subventions, ou à d'autres contraintes ou mesures incitatives visant à favoriser une économie décarbonée. C'est généralement la démarche suivie par les scénarios publiés par l'IEA. L'un des scénarios transitionnels les plus couramment utilisés est celui dit des 2 °C, qui aide les organisations à prévoir les restrictions imposées par l'augmentation des températures mondiales d'environ 2 °C sur leurs opérations et les mesures qui leur permettront de les surmonter. Si vous enclenchez cette réflexion, vous pouvez utiliser des scénarios accessibles au public, tels que le scénario de IEA 450ppm ou le scénario IEA2DS.
  • Les scénarios de risque physique évaluent l'impact de changements physiques brusques ou chroniques liés au changement climatique, tels que les conditions météorologiques extrêmes, la montée des eaux ou la sécheresse, entre autres. C'est généralement la démarche suivie par les scénarios publiés par le GIEC. Parmi les scénarios de risque physique les plus communément utilisés, on trouve les Profils représentatifs d'évolution de concentration (RCP) publiés par le GIEC (décrits dans les Notes Techniques sur l'Analyse de Scénario du CDP, page 17) . Ces scénarios modélisent les impacts du climat sur les différentes évolutions anticipées des émissions de GES ainsi que sur les trajectoires des concentrations atmosphériques des GES en résultant.

Il est important de remarquer qu'il existe de nombreuses façons d'utiliser et d'adopter l'analyse de scénarios. Certains organismes s'estimeront plus vulnérables au risque transitionnel (par exemple, les usines très énergivores ou dépendant des énergies fossiles), tandis que d'autres se soucieront plutôt du risque physique climatique (par exemple, ceux dont l'activité est liée aux secteurs agricoles). Le projet CDP et le groupe TCFD recommandent tous deux une approche progressive menant à l'adoption de l'analyse de scénarios comme outil de planification stratégique. Alors qu'une organisation gagne en maturité, les scénarios fourniront des renseignements quantitatifs supplémentaires indispensables aux parties prenantes dans leur prise de décision.

4. Quel aspect du reporting est le plus important ? Les données chiffrées et les objectifs, ou la présentation des nouveaux projets ?

Pour faire simple, la réponse est : les deux. En incluant à la fois des données quantitatives et qualitatives, vous équilibrez les informations et assistez la prise de décision de vos parties prenantes. Il vous faudra toutefois comprendre d'abord à quels types d'informations ces parties prenantes accordent le plus d'importance.

S'il fallait vraiment choisir, il est indispensable de rapporter les données chiffrées. Il est impératif de fournir des données précises et complètes pour démontrer l'impact de vos projets, mais ces données n'ont aucun sens sans leur histoire.

Quelle que soit votre situation, votre reporting doit viser à démontrer des progrès réguliers et une croissance continue. La mise en place d'un objectif démontre à vos parties prenantes que vous travaillez dans une direction concrète, tandis que les chiffres et statistiques constituent des points de données tangibles et une représentation simple et rapide de vos progrès. Les présentations de projets témoignent des actions spécifiques que vous menez pour exhorter au changement.

Fondamentalement, chaque entreprise saura déterminer les éléments à mettre en avant dans son reporting, en tenant compte des besoins des parties prenantes et des résultats démontrables.

5. Quelles sont les directives concernant le choix d'une année de référence dans le cadre du reporting CDP ?

L'année de référence sert à mesurer la progression continue, le plus souvent dans le cadre d'un objectif à atteindre. Son choix est différent pour chaque entreprise. Le Protocole de réduction des gaz à effets de serre publié par le World Resources Institute recommande de choisir comme année de référence la période la plus ancienne pour laquelle vous possédez des données complètes et fiables.

Il n'y a pas de limite d'ancienneté, à condition que les données soient comparables à celles du modèle commercial actuel. Par exemple, si votre entreprise a participé à une fusion en 2015, votre année de référence n'ira pas au-delà de cette date. La pratique la plus courante est de choisir l'année précédente comme année de référence pour votre reporting, afin de garantir que les données correspondent à celles des affaires en cours. Si vous êtes contraint de changer et/ou de recalculer votre année de référence, l'essentiel, comme dans tout votre reporting de développement durable, est de le faire de manière transparente. Assurez que tous les documents de reporting public indiquent la nature du changement et son motif.

6. Est-il possible de combiner le reporting de développement durable et le reporting financier ?

Oui, et c'est d'ailleurs la raison d'être du TCFD (Groupe de travail sur l'information financière relative au changement climatique). Le TCFD avait pour mission de développer une série de recommandations financières facultatives liées à la communication des données climatiques afin d'informer les décisions d'investissement, de crédit et de souscription d'assurance. De leur côté, les parties prenantes utilisent ces données et outils de reporting centralisés pour mieux comprendre la vulnérabilité de leurs actifs aux risques climatiques.

Le TCFD a publié ses recommandations d'information en juin 2017. Le groupe a depuis connu un soutien grandissant et la mise en place croissante de ses recommandations à l'échelle mondiale. Selon son bilan 2018, le groupe avait à l'origine le soutien de 101 partisans. Près d'un an et demi plus tard, en septembre 2018, ce chiffre atteignait 513 partisans. Voici un aperçu des organisations qui ont su combiner leur reporting de développement durable et leur reporting financier.

  • 457 entreprises et 56 organisations non commerciales (organismes industriels, gouvernements)
  • Capital total de 7,9 billions de $ à travers des secteurs variés
  • 287 institutions financières responsables de la gestion de plus de 100 billions de $ d'actifs
  • Soutien de plusieurs gouvernements - Belgique, France, Suède, Royaume-Uni - ainsi que par des organismes régulateurs financiers de nombreuses nations, dont ceux d'Australie, de Belgique, de France, de Hong-Kong, du Japon, des Pays-Bas, de Singapour, d'Afrique du Sud, de Suède et du Royaume-Uni.

De plus, les entités influençant le reporting de développement durable, comme le CDP, harmonisent leurs recommandations avec celles du TCFD en intégrant ses directives à leurs questionnaires, renforçant ainsi le lien entre le développement durable et la santé financière. Si la publication des informations financières liées au climat reste facultative dans la majorité du monde, les exigences et les attentes des parties prenantes dans ce domaine s'accroissent.

Pour en savoir plus sur l'analyse de scénarios et le reporting liés au développement durable, ou si vous avez besoin d'aide pour choisir votre année de référence, calculer un inventaire de GES ou fixer un objectif de décarbonation, vous pouvez demander l'assistance d'ENGIE Impact. En tant que l'une des huit sociétés dans le monde à proposer un logiciel de comptabilité carbone agréé CDP, ENGIE Impact est parfaitement préparée pour vous aider à alléger la charge du reporting de développement durable et à vous identifier comme leader en la matière.

À noter: les informations contenues dans cette page sont tirées des ressources suivantes. Pour en savoir plus, consultez les Notes Techniques sur l'Analyse de Scénarios du CDP ou le Supplément technique du TCFD: Utilisation de l'analyse de scénarios dans la diffusion publique des risques et opportunités liés au changement climatique.